Comment vaincre la timidité ?
Je suis un ancien timide. Le genre de timidité suffisamment prononcée pour qu’elle vous pourrisse la vie au quotidien. Vous savez, cette angoisse qui vous prend quand le téléphone sonne ? Ou quand il faut demander sa route à un passant ? Je l’ai vécue au quotidien, longtemps, trop longtemps.
Je détestais être timide, et considérais ma timidité comme un vrai handicap. Je fantasmais sur un moi futur, débarrassé de tout complexe, capable de m’intégrer dans n’importe quel groupe, d’être le centre de l’attention avec panache, et d’emporter le cœur de n’importe quelle femme.
Il y a de ça plusieurs années, j’ai décidé de me prendre en main. Je ne voulais plus être timide. Aujourd’hui, sans correspondre à 100% à l’archétype du « supersocial », je suis plutôt satisfait du résultat. Décrocher mon téléphone n’est plus qu’un acte banal, et je peux me rendre à une soirée ou je ne connais personne et arriver à y prendre du plaisir.
Évidemment, Rome ne s’est pas faite en un jour, et je ne suis pas du genre à vous promettre de vaincre votre timidité en une semaine grâce à un secret bien gardé mais disponible dans mon ebook à 22€. Et puis, je ne suis pas psychologue, et j’imagine qu’il y a autant de timidités différentes que de timides. Toutefois, j’ai eu envie d’écrire cet article, peut-être donnera-t-il le petit coup de pouce à ceux qui en ont besoin.
D’où vient la timidité ?
Comme le recommande le sage Sun Tzu, commençons par tâcher de comprendre notre ennemi. Qu’est-ce que la timidité ? Nous en connaissons les symptômes, mais quelles en sont les causes ?
À mon avis (ce qui va suivre est une définition personnelle), la timidité est un ensemble de comportements et d’émotions d’autoprotection provoqués par une simple névrose : la peur d’être rejeté.
De cette simple peur vont en découler d’autres : peur d’être jugé, peur de prendre des risques, peur de l’échec, peur de la critique. Toutes ces crispations mentales vont conduire le timide à mettre en œuvre les comportements que nous connaissons bien : éviter de se mettre en avant, limiter au maximum les relations avec des inconnus, prendre le moins de risques possibles, etc.
Pourquoi la timidité est-elle un calvaire ?
Être timide est une névrose qui peut devenir terriblement handicapante. Si vous n’en êtes pas (encore) convaincu, voici une liste non exhaustive des risques que encourez si vous ne soignez pas votre timidité.
La paralysie sociale
La timidité nous conduit à éviter au maximum les contacts avec les gens. Par conséquent, votre cercle social sera fatalement réduit, vous manquerez des opportunités de rencontrer des gens intéressantes et utiles.
Un inconfort permanent
Dans la mesure ou la majeure partie de notre vie fait intervenir des relations avec l’autre, votre timidité vous rend la vie difficile et inconfortable, puisque l’angoisse de la timidité marque chaque action de la vie quotidienne.
Rater des opportunités
Dans la mesure ou être timide vous pousse à l’immobilisme, à limiter les risques et les rencontres, vous risquez tout simplement de passer à côté de beaucoup d’opportunités de toutes sortes : professionnelles, amoureuses, etc. Par conséquent, à moins de vous appeler Pierre Richard, vos chances de vivre la vie trépidante dont vous rêviez sont minces.
Devenir trop gentil
Par peur de blesser, d’être jugé et rejeté, le timide n’ose pas dire non, pensant qu’être gentil est le meilleur moyen pour s’assurer la bienveillance de son interlocuteur. Nous savons ce qu’il en est, n’est-ce pas ?
Devenir un sale con
La réaction inverse est également possible. Ayant du mal à être lui-même, le timide ne peut concevoir les relations sociales que sur le mode dominant / dominé. Il devient alors un sale con tyrannique et persécute ceux qui ont le malheur d’être assez proche de lui.
Vivre dans sa bulle
Cantonné dans son inaction, le timide finit parfois par vivre une vie de fantasmes, et perd le sens des réalités. Il idéalise les relations qu’il aimerait vivre avec la jolie secrétaire du service comptable qu’il n’a pas le courage d’aborder, ou le super boulot qu’il pourrait avoir s’il avait le courage de demander une mutation.
Ne pas échanger
En limitant au maximum vos échanges avec vos pairs, vous passez à côté de beaucoup d’opportunités d’échanger avec autrui, d’apprendre de nouvelles choses. Vous préférerez stagner et vous contenter de ce que vous avez plutôt que de prendre des risques pour évoluer.
Je ne veux pas être cette personne là
Quelle personne voulez-vous être ? Quelles sont les qualités que vous souhaiteriez obtenir ? À qui voulez vous ressembler ?
Le minimum, c’est de vous débarasser du sentiment d’inconfort qui entâche tous vos rapports avec les autres. Voyons comment nous y prendre.
Comment vaincre sa timidité ?
J’ai trouvé énormément d’articles sur le web qui traitent de la timidité. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne sont pas terrible. La plupart professent des banalités en proposant des conseils comme « acceptez-vous tel que vous êtes » ou « n’ayez pas peur du jugement des autres », ou encore « apprenez à contrôler votre anxiété ». Super Albert ! Comment n’y ai-je pas pensé moi même ?!
Vous vous rendez bien compte que ces « conseils » n’ont aucun intérêt, et n’ont jamais aidé personne. Ce qu’il nous faut, c’est de la pratique.
La timidité est une réaction émotionnelle. Instinctive. C’est un conditionnement. Pour s’en débarrasser, un seul moyen :
Il faut conditionner le cerveau à ne plus être timide. Et comment s’y prend-on ma bonne dame ? La théorie est assez simple (mais la pratique l’est moins). Voici une méthode en trois étape.
- Sortez un pied hors de votre zone de confort
La première étape, c’est de faire quelque chose que vous ne feriez pas d’habitude, par timidité. Il faut sortir de votre zone de confort, et vous mettre en danger de manière à déclencher volontairement une réaction de timidité.
Vous êtes terrorisé par votre téléphone ? Appelez la piscine locale pour demander les horaires d’ouverture.
Vous détestez parler à des inconnus ? Arrêtez le premier passant pour lui demander votre chemin (même si vous n’êtes pas perdu. Vous allez voir, c’est amusant).
Vous êtes tétanisé à l’idée d’adresser la parole à un membre du sexe opposé ? Profitez d’une file d’attente pour échanger une ou deux banalités avec la personne qui vous précède.
Ne vous mettez pas la pression. Si vous vous fixez des objectifs insurmontable, vous n’allez pas les atteindre, et votre confiance en vous va se dégonfler un peu plus, alors que nous cherchons l’effet inverse. Au fur et à mesure de votre progression, vous pourrez vous lancer des défis plus ardus. En fait, l’idéal serait d’arriver à considérer ça comme un jeu.Je vous ai compilé une petite liste d’exercices, que vous trouverez plus bas. - Constatez que vous ne vous en portez pas plus mal
Après chaque petit défi, prenez quelques minutes pour un face à face avec votre cerveau. Rappelez-vous de votre réaction d’anxiété quelques minutes auparavant, et constatez à quel point elle était irrationnelle, puisque vous êtes manifestement encore vivant, et personne ne vous a ri au nez.
Du simple fait d’avoir réalisé votre objectif, d’être sorti de votre zone de confort, de vous être dépassé, vous devriez ressentir un léger boost de confiance en vous. Vous sentez ? C’est votre timidité qui a reculé, un peu.
En avant pour la troisième étape ! - Recommencez
Et c’est tout. Je vous avait prévenu que la théorie était facile. Tout ce que vous avez à faire, c’est de vous lancer un défi chaque jour. Chaque jour, faites quelque chose, même une toute petite chose, pour faire reculer de quelques centimètres les frontières de votre timidité.
Cette méthode permet réellement de conditionner le cerveau à ne plus être timide. À force de dépasser vos limites, l’esprit assimile que les conséquences terribles qu’il envisageait sont sans fondement. Dans le même temps, il apprécie ces petits pics de confiance en soi jusqu’à en devenir dépendant.
Au fil du temps, vous sentirez votre anxiété sociale devenir de moins en moins présente, et votre confiance en vous augmenter petit à petit.
Facile à dire, n’est-ce-pas ? Moins facile à faire. Au boulot !
Exercices pratiques
Si vous êtes en manque d’inspiration, voici une petite liste d’exercices que vous pouvez pratiquer au quotidien, dans le cadre de la méthode décrite plus haut. Ils sont plus ou moins triés par ordre de difficulté, n’hésitez pas à en proposer d’autres dans les commentaires.
Visionner « The Power of Vulnerability »
Ok, ce n’est pas vraiment un exercice. Je vous conseille néanmoins de visionner cette magnifique conférence, au cours de laquelle Brené Brown explique très bien que ce sentiment de vulnérabilité qui peut s’apparenter à de la timidité n’est pas une tare, bien au contraire.
Si une vidéo peut vous convaincre que vous n’avez pas besoin d’être parfait, et que l’imperfection ne doit pas vous empêcher d’agir, c’est bien celle-ci. À titre personnel, cette conférence m’a vraiment touché aux tripes, et aidé à relativiser chaque fois que je me suis senti imparfait.
S’habiller correctement
Dans son désir de passer inaperçu, le timide s’habille souvent de la manière la plus insignifiante possible. Jean, baskets, tee-shirt ou vieux pull. N’importe, du moment qu’il n’attire pas l’attention.
Et si pour une fois vous décidiez de vous habiller avec élégance ? Faites un effort, et habillez-vous d’une manière plus classe que d’habitude. Chemise ? Costume ? Cravate ? Pourquoi pas ?
Certes, vous allez attirer le regard. Certes, cela vous mettra mal à l’aise. C’est parfait, c’est le but. Vous allez vite vous y habituer, et attention, vous ne pourrez plus revenir en arrière.
Note : bien s’habiller ne s’improvise pas. Demander à l’une de vos élégantes connaissances de vous accompagner faire les boutiques pourrait être un autre exercice intéressant.
Rentrer dans une boutique pour demander son chemin
Comme ça, pour le fun, même si vous n’êtes pas perdu. Rentrez dans la première boutique qui passe, et demandez votre chemin. Si la personne qui vous répond se montre avenante (et pas trop occupée), pourquoi ne pas engager la conversation ensuite ?
Adresser la parole a un(e) inconnu(e) dans une file d’attente
Vous poireautez à la Poste ? À la gare ? À la caisse du supermarché ? Profitez de l’opportunité, et adressez la parole avec la personne qui vous suit. Tournez vous, complimentez la sur son joli pull, ou prévenez la que son poireau dépasse et risque de tomber, souriez et retournez vous. Point bonus si vous entamez une conversation.
Accepter un compliment sans fausse modestie
Le timide qui reçoit un compliment botte en touche. Sachez néanmoins que la fausse modestie est le début de l’orgueil. La prochaine fois que quelqu’un vous adressera un compliment, recevez-le comme un cadeau au lieu de le refuser. Dites quelque chose comme « Merci, cela me va droit au cœur », plutôt que « Oh, vous savez, ce n’était pas grand chose ».
Soutenir le regard d’un inconnu
Voici un petit exercice amusant, pour jouer dans les transports en commun. Établissez un contact visuel avec une personne qui vous entoure, et maintenez ce contact pendant au moins 5 secondes, yeux dans les yeux ou jusqu’à ce que l’autre baisse le regard.
Attention, ce genre de contact peut être perçu comme un acte extrêmement aggressif. Je ne voudrais pas que vous vous fassiez aggresser par ma faute, ou que vous vous retrouviez en taule. Pendant l’exercice, souriez pour ne pas paraître menaçant, et si vous êtes un homme, ne jouez pas à ça avec des femmes. Si vous êtes une femme, vous pouvez jouer à ça avec des hommes, mais vous allez vous faire aborder…
Un jour que je pratiquais cet exercice, je suis tombé sur quelqu’un qui jouait visiblement à la même chose. Nous sommes restés les yeux dans les yeux deux bonnes minutes, visiblement très embarrassés mais refusant de céder. Les deux minutes les plus inconfortables de toute mon existence.
Raconter un truc personnel
Le timide pense souvent qu’il est trop insignifiant pour intéresser autrui. À la prochaine occasion, lors d’une pause clope, ou autour de la machine à café, racontez un truc personnel à une personne dont vous n’êtes pas spécialement proche (sinon c’est de la triche).
Racontez une anecdote personnelle, votre week-end ou dernière sortie théâtre. N’importe. Pas besoin de savoir parler en public, mais essayez quand même de tenir votre auditoire en haleine une bonne minute.
Pratiquer un art martial
Vous inscrire dans un club d’arts martiaux vous aidera à rencontrer de nouvelles personnes, et vous pourrez vous intégrer dans un groupe hétérogène, peut-être différent des populations que vous fréquentez d’habitude.
Et puis, pratiquer un art martial améliorera votre physique et votre santé, et vous vous sentirez plus à l’aise dans votre esprit à mesure que vous serez mieux dans votre corps. Travailler à libérer les crispations physiques libère aussi les crispations mentales.
Faire du théâtre
Inscrivez vous à un club de théâtre, c’est une chouette occasion de parler en public. Vous allez rencontrer du monde, gagner en aisance orale et en prestance scénique. En plus, c’est amusant. Chouette défi, n’est-ce pas ?
S’inscrire à un club de danse
Quelle meilleure activité pour fréquenter de manière décomplexée des membres du sexe opposé ? Vous inscrire à un club de danse (de préférence une danse de salon) vous fera rencontrer du monde, et vous aurez ensuite l’occasion de vous rendre à de nombreuses soirées. Danser rapproche, au propre comme au figuré.
Et puis, si vous êtes un homme, vous serez sans doute accueilli avec enthousiasme : la plupart des clubs de danse sont en sureffectif féminin.
Le mot de la fin
Ce ne sont que quelques idées d’exercices à réaliser, mais je pense que vous avez saisi le principe.
J’espère que ces quelques conseils vous aideront à vous débarrasser de ce manque de confiance en soi que vous empoisonne. Ça ne se fera pas en un jour, c’est un processus lent et régulier, qui nécessite un travail constant. Soyez tolérant avec vous même, et n’oubliez pas que la vie existe pour en profiter.
Et vous, avez-vous un retour d’expérience à nous communiquer ?